Passe-moi le sac à dos, LeMec. Je crois que tu n’en peux plus d’être LeMec car toi aussi, même si tu es sexiste, tu es victime du patriarcat. Tu me crois faible, mais c’est moi qui jadis dirigeais les émeutes de la faim, c’est moi qui cassais des cailloux sur les routes russes, c’est moi qui survivais à vingt grossesses ou plus, c’est moi qui toute ma vie portais, sans pause ni diable, un poids d’au moins dix kilos en permanence pendant neuf mois, chaque année. L’idéologie sociale me diminue, m’affaiblit, m’asservit, me rabougrit comme on rapetisse un chihuahua à partir d’un loup primitif. J’ai eu moins de nourriture, moins d’exercice, des habits fragiles et serrés, l’obligation de ne pas bouger, de sourire, d’être une proie sexuelle, de me contenir, de m’écraser, de me taire, de me marier. Arrêtons ce cirque, LeMec, et repose-toi un peu toi aussi.