Mes très chères et très chers collègues,
Je voudrais aujourd’hui vous parler d’une lettre que j’ai reçue tout récemment. Elle émane d’une de nos collègues arachnologue, la docteure Connie Grace, qui me dit l’avoir écrite à la suite de sa participation à l’expérience qu’a menée l’équipe du docteur Trovato au sujet des acouphènes. Dans cette lettre, la docteure Grace me dit avoir soudain compris que les sensations d’acouphènes seraient peut-être dues au fait que les araignées se trouvent obligées de surenchérir sur le “bruit de fond” que forme la pléthore d’ondes et de vibrations que nous ne cessons de créer dans nos environnements suranthropisés. Sa première intuition était que les araignées en quelque sorte “vibrhurlaient” (terme qu’elle a créé pour référer à l’effet d’un cri qui serait vibré) et qu’elles se seraient adressées aux arachnologues parce qu’elles ont pensé, dans le cadre des expériences avec diapason, qu’ils et elles parlaient la même langue. Notez que si c’est le cas, dit ma correspondante, nos recherches font-elles autre chose qu’ajouter du bruit au bruit ? Je la cite : “Ne devrions-nous pas repenser de fond en comble nos méthodes ? Nombre d’entre nous veulent « tester des réactions », d’autres tentent des dialogues, mais nous devons assumer que ce que nous avons fait jusqu’à présent, c’est interférer. Il ne s’agit pas de contester l’interférence – qu’est-ce que communiquer d’une espèce à l’autre sinon interférer ? – mais de le faire en sachant qu’ainsi nous rompons le pacte du silence des araignées. Sans doute devrions-nous imaginer d’apprendre à le faire avec la politesse et toutes les précautions de courtoisie de ceux qui entrent dans une autre demeure.