Un hectare, cerné de part et d’autre par la Somme, un calme absolu, pas de béton à l’horizon : nous sommes sur une île, l’île Saint-Aragone, un écrin de nature qui compte plus de libellules que d’Homo sapiens.
Il y a trois ans, une petite équipe d’urbains, sans lien initial avec le maraîchage, se retrousse donc les manches avec un objectif en tête : démontrer qu’on peut – toujours – cultiver ici, respecter les principes de la permaculture, produire des quantités tout à fait honnêtes, et trouver à Amiens une demande pour cette production bio et ultralocale. Le pari est gagnant. Chaque semaine, tout au long de l’année, l’association, qui compte 3 salariés, distribue 500 à 600 paniers de légumes, avec des ventes multipliées par 2,5 pendant le confinement.
Forte d’une activité qui associe un peu de restauration (un food-truck) et de l’événementiel, elle engrange un chiffre d’affaire de 500 000 euros par an. Il y a bien 50 000 euros de financement public, mais sans eux, « le modèle tiendrait », nous promet-on. La recette du succès semble surtout tenir au réseau que l’association a su déployer en plus de la production maraîchère, jusqu’à embarquer avec elle 4 500 adhérents (!), notamment grâce au « marché du jeudi », son rendez-vous phare qui se déroule à l’est de la ville, dans quelques heures, justement.