Les segmentations – millennials, ménagères, baby-boomers, etc. –, apanages du marketing, sont de plus en plus communément utilisées par les observateurs, les journalistes et les politiques, qui les reprennent largement pour décrire à grands traits notre société. Dans cette inflation de typologies, celle des « seniors » est particulièrement présente, à l’heure où le sujet de la retraite s’invite dans tous les débats politiques, et parce qu’elle vise une population en croissance.
Pourtant, le senior existe encore moins que tout autre stéréotype d’âge. De toutes les segmentations reposant sur ce critère, c’est celle qui a le moins de réalité. Plus encore, l’hétérogénéité est au contraire la caractéristique de cette population.
En effet, les classes d’âge précédentes sont marquées par une assez grande homogénéité liée tant aux rythmes sociaux (études puis vie professionnelle), qu’aux rythmes biologiques. Ainsi, entre 30 et 40 ans, les vies professionnelles et personnelles impriment une certaine similitude aux modes de vie. C’est la période de la progression professionnelle, de la vie en couple, de la naissance des enfants, de l’acquisition du logement.
Les vies sont calées sur des rythmes assez similaires. Dans cette période de construction (de l’épargne, de la famille), la plupart des individus, de surcroît, peuvent compter sur leur santé et leur pleine forme.
Au-delà de 55 ans, on observe au contraire une extrême diversité de situations. Santé, vie professionnelle, autonomie financière, situation familiale sont autant de facteurs qui varient énormément dans cette classe d’âge, dessinant ainsi des typologies beaucoup plus nombreuses qu’il n’y paraît au premier abord. Et imposant, de fait, un marketing (mais aussi une gestion des ressources humaines) tout en nuances.