On peut résumer le « carbon farming » par l’ensemble des pratiques agricoles dont l’objectif est de préserver et d’améliorer la capacité des sols à absorber et à stocker durablement du carbone. L’objectif est de compenser ainsi nos émissions de CO2, en complément de politiques publiques destinées à les diminuer. « La particularité du sol est d’être l’un des plus gros réservoirs de carbone, avec l’océan », explique Pierre-Marie Aubert, coordinateur de l’Initiative Agriculture européenne à l’Institut du développement durable et des relations internationales.
Le sujet est au coeur de la rencontre informelle entre les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne, qui se déroule depuis ce lundi à Strasbourg. Le « carbon farming », également appelé « culture » du carbone ou « stockage du carbone dans les sols », est l’une des pistes qui doit permettre à l’Union européenne de respecter son engagement d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Avec 430 millions de tonnes de CO2 rejetée en Europe par le secteur, l’agriculture est en effet à l’origine de 10 % des émissions de gaz à effet de serre européennes.
L’initiative « 4 pour 1000 » initiée par la France lors de la COP21 en 2015 a en effet montré qu’augmenter chaque année de 0,4 % la quantité de carbone stockée dans les sols permettrait, à l’échelle mondiale, de compenser les émissions annuelles de CO2. L’enjeu est également d’ordre alimentaire : riches en matières organiques, les sols à forte capacité de stockage sont également plus fertiles. Qualifié de « très ambitieux », cet objectif nécessite toutefois des évolutions profondes des pratiques agricoles.