L’une des dynamiques historiques de la métropolisation est la concentration sur un même territoire des activités économiques et des travailleurs. Mais la diffusion du télétravail en tant que pratique régulière et massive pourrait permettre aux travailleurs qui le pratiquent de s’éloigner du siège de leur entreprise. Et donc théoriquement de résider dans une autre ville, voire une autre région.
Pendant le confinement, un quart des salariés français (soit près de cinq millions de personnes) ont travaillé de chez eux. En juin, un salarié sur six était officiellement toujours en télétravail (et un sur dix en juillet, mais la période des congés fausse les données). Le télétravail pourrait donc être maintenu durablement pour une part de salariés plus importante qu’avant la crise, puisque ces derniers ont pu prouver son efficacité.
La crise s’est aussi traduite par une accélération de la dématérialisation de l’accès à certains services publics, mais aussi du e-commerce. Donc, de la même manière, résider à proximité de commerces et de services administratifs pourrait devenir moins déterminant pour une partie des ménages si des offres équivalentes sont accessibles en ligne. Et cette tendance ne concerne pas que les actifs, mais aussi les inactifs qui, rappelons-le, représentent la majorité de la population française.
Alors que près de la moitié des logements en France sont des appartements, la période de confinement a accentué le désir d’espace dans le logement, mais aussi d’un cadre de vie plus agréable. Selon une enquête réalisée par le Forum vies mobiles (think-tank de la SNCF) pendant le confinement, un quart des Français déclaraient avoir envie de déménager après le déconfinement, pour avoir plus d’espace, notamment extérieur, mais aussi pour vivre plus près de la nature. En juin, un quart des personnes qui souhaitaient déménager affirmaient rechercher un logement avec une pièce en plus pour télétravailler. Selon une enquête réalisée auprès du réseau d’agents immobiliers CapiFrance, plus de 70 % d’entre eux ont enregistré une hausse des recherches de bien avec extérieur depuis le déconfinement.
C’est bien sûr à Paris que les impacts de la crise Covid sur l’immobilier pourraient être les plus importants. Selon l’INSEE, 450 000 Parisiens ont quitté leur résidence principale pendant le confinement. Dans l’enquête du Forum vies mobiles, pendant le confinement, près de 40 % des habitants de l’agglomération parisienne déclaraient avoir envie de déménager.