« Les jardins potagers urbains se sont développés à un rythme accéléré ces dernières années, à partir du moment où les préoccupations concernant le changement climatique et la succession de différents scandales alimentaires – vache folle, poulet à la dioxine – ont remis en question les formes de production alimentaire ainsi que leur localisation », explique Laurence Granchamp. En témoignent notamment le succès des circuits courts comme les Amap, le retour des marchés paysans dans lesquels des producteurs se rassemblent en un lieu donné pour vendre en direct leurs produits, ou encore des labels AOC, qui répondent à l’exigence des consommateurs d’une plus grande proximité et qualité dans l’origine des produits. L’agriculture urbaine serait en quelque sorte le signe le plus récent de cette remise en question.
Autre raison du boom des jardins productifs : l’évolution récente du rapport des citadins à la ville et à la nature. « L’essor des jardins productifs va de pair avec celui de la diffusion d’une réelle culture du développement durable, de la prise de conscience des limites de l’environnement et de la nécessité de pratiques plus respectueuses, affirme l’urbaniste Jean-Noël Consales, cocoordinateur du projet Jassur. Il est l’un des vecteurs bien concrets de ce changement de rapport des habitants à la ville et à l’urbain. » Aujourd’hui, la demande de nature des habitants urbains ne se limite plus à une nature paysagère et esthétique, mais aussi… nourricière.