C’est l’un des nombreux paradoxes du marché du travail français et une difficulté de taille pour la réforme des retraites en gestation. Alors que les individus sont appelés à travailler de plus en plus longtemps, les seniors – entendez par là les plus de 45 ans, selon la terminologie couramment admise dans le monde du travail… – sont les mal-aimés des entreprises et des recruteurs. Selon l’étude d’ADP The Workforce View in Europe, rendue publique début septembre, plus d’un tiers des salariés français estime avoir subi une forme de discrimination au travail liée à son âge.
Voilà pour la perception. L’examen statistique confirme ce sentiment d’inégalité.
Malgré une nette amélioration depuis une dizaine d’années, due notamment à l’arrêt des cessations anticipées d’activité (préretraites), la situation des seniors sur le marché du travail n’est guère enviable.
Le taux d’emploi des 55-64 ans s’établit à 51,3 % en 2017 en France, un niveau inférieur à celui de la moyenne de l’Union européenne (UE), où il est de 57,1 %. Pour la tranche d’âge des 60-64 ans, le décrochage français est encore plus net : 29,4 % contre 42,5 %. Le taux d’emploi est environ deux fois plus élevé en Allemagne, en Estonie, au Danemark, en Estonie, au Pays-Bas… Il dépasse même les 60 % en Suède (68 %), en Norvège (66 %) ou en Suisse (61 %)… et atteint 82 % en Islande.